Recette: dormir dans un endroit sûr après avoir mangé et bu légèrement, cette digestion idéale fera monter les rêves susceptibles de briser les mottes et d'aérer l'humus. L'esprit ainsi préparé, sortir flâner au hasard pour récolter des graines sauvages. Accumuler ces graines comme un trésor, les laisser germer comme bon leur semble. Enraciner les boutures assez serré, les nourrir progressivement. Repiquer par voisinage d'affinités. La fumure, qui semble faire de l'effet sur le moment, est moins efficace que l'élagage. Les plants doivent devenir bien vigoureux pour mener à son terme la production et le mûrissement des fruits. Un tel jardin risque de susciter des convoitises, des signes évidents pouvant laisser entrevoir son existence. Il est pourtant déconseillé d'avoir recours à la paranoïa, cela ne ferait qu'encourager les prédateurs. Se contenter d'offrir, de temps à autre, quelques fleurs, et mener tranquillement son jardin à maturité. Cueillir et accommoder soi-même les fruits pour en garder toute la saveur. Enfin, emballer, étiqueter, présenter et vendre sa culture à sa guise. May Livory

Les peintures de Jean-Louis Vincendeau, qualifiées par des critiques de "nouvelle peinture métaphysique", témoignent d'un tel jardin, celui d'un poète perché à Pigalle, où il pratique une culture patiente, nourrie de mythes et de légendes, d'architectures de théâtre et de paravents aux échappatoires secrètes où personnages masqués et arbres nus sont les acteurs de rituels connus d'eux seuls.

Le jardin de la main chaude,
2007, acrylic, diptyque 100x100cm
© JL Vincendeau

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