100 collages
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2 artistes autour d'un travail-titre commun: la Litanie de Baselines, montage audiovisuel. La "litanie" est dite par May Livory sur une centaine de collages d'Isabelle Dormion, en surimpression aléatoire du son "off" sur l'image projetée. La Loge (24 m2) offre un espace en coude, créant un parcours obligé vers la fenêtre à travers deux pièces-écrins aux murs marouflés de coton peint. La première pièce accueille un accrochage de collages sous verre d'Isabelle Dormion. La deuxième, une centaine de "galettes" de May Livory, suspendues. De la taille d'une assiette, elles sont obtenues par lacération, triturage et pressage au tamis, du quotidien Libération et de quelques autres occasionnellement. Elles portent au recto et au verso des images, des mots, des phrases déchirés, découpés, réassemblés en une relecture du quotidien. Ce travail s'échelonne de 2001 à 2004. Isabelle Dormion et May Livory tentent d'appréhender le monde backstage en tant qu'indigènes (contraire de people). Au croisement de leurs travaux, une oeuvre commune menée expérimentalement sur le site internet <http://shukaba.org> depuis septembre 2001. Une chronique d'Isabelle Dormion en forme de journal, "Turbulences", et un décryptage en trois volets de May Livory: un recueil de "base lines" constitué au jour le jour, des "billets de rumeur" et une "terminologie des rumeurs malignes". |
triturages et litanie L'incantation entre l'oral et l'oraculaire,
c'est ce qui viendrait, ici, arrondi, constituer une autre et
nouvelle monnaie d'échange. Une certaine façon
de ponctuer l'actualité. Venant à feuilleter ce
qui, à l'extrême dernière minute, fait le
temps présent, on peut déjà interroger la
pile. Les journaux dans l'angle de la pièce dans un temps
inversé (2004-2001) reconstituent les uns sur les autres
déjà poussiéreux l'arbre que cache cette
forêt consensuelle. |
collages et base lines* Depuis quelques dizaines d'années, la presse hebdomadaire et mensuelle a pu fournir un inépuisable matériau de choix. Photographies panoramiques sur papier glacé ou tirages ordinaires, slogans publicitaires inversés, mots d'ordres à l'usage des consommateurs, tout est bon à découper. La colle blanche d'écolier a fait le reste. Le premier, réalisé en Italie il y a belle lurette est «Donnez une femme à vos fleurs». La femme est dévorée. Cette inversion des termes dans la violence du slogan remet les choses en place et les sujets dans l'ordre nominatif: dixi. Cette litanie collationnée par May
Livory, apposée à des images suivies dans un ordre
aléatoire est un montage expérimental. Sur l'image
initialement détournée de la publicité est
collée une phrase sonore tirée Cent collages ont ainsi été
sacrifiés à l'ineptie sussurrée, impérieuse,
omnipotente et perverse. L'ordre publicitaire impose une violence
telle que les images sont difficilement réutilisables.
Toute interprétation imaginaire devient proscrite. Dans cette forme de collage, le titre précède et rassemble les éléments disparates retirés de leur contexte. Il faut donc là une triple action. Titre, collage, litanie. Le résultat ne se fait pas attendre. Jeu de massacre opératoire où l'iconoclaste se trouve à la fois démuni et toujours impuni. Il faut une quatrième phase pour redonner à l'image lissée son clou au mur. Il faut lui redonner un titre, quelques mots qui sollicitent et éjectent le spectateur une fraction de seconde dans une proposition de relecture des journaux. Isabelle Dormion |
*base line = ligne du bas, conclusion, morale de l'histoire,
truc à retenir, pense-bête, leitmotiv, nota bene,
envoi ou chute comme il s'en trouvait à la fin d'un fabliau
ou d'un conte de fées, et que l'on place de nos jours
en bas de page dans une publicité ou en guise de "mot
de la fin" dans un spot publicitaire télévisuel
ou cinématographique. May Livory, extrait
de Terminologie des Rumeurs Malignes, in |